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Tout savoir sur le syndrome du choc toxique menstruel
gynécologie

Tout savoir sur le syndrome du choc toxique menstruel

Alix Roquette
Gynécologue médicale
Publié le
21/8/24
3
min
À savoir
Notez que les protections externes comme les culottes menstruelles ou les serviettes hygiéniques ne peuvent pas provoquer de choc toxique. Elles sont donc à privilégier en fin de règles ou pour la nuit - comme le flux est moins abondant, on a tendance à les garder plus longtemps. 

Le syndrome du choc toxique menstruel est sur toutes les lèvres depuis quelques années. Et pour cause, connu seulement depuis 2011, il peut concerner toutes les personnes menstruées qui portent une protection hygiénique interne

Petit préambule : Le choc toxique reste une maladie rare. Seuls une vingtaine de cas sont recensés chaque année en France. 

Le choc toxique menstruel, c’est quoi exactement ?

Le syndrome du choc toxique menstruel ou SCT menstruel est une maladie infectieuse grave pouvant survenir aux cours des règles.❤️‍🩹

Elle est causée par une toxine produite par un staphylocoque, suite à une mauvaise utilisation de dispositifs vaginaux, tels que les tampons ou les cups menstruelles. 

En effet, environ 1 % des femmes sont porteuses de bactéries de la famille des staphylocoques dorés qui se logent dans leur vagin. Celles-ci libèrent une toxine dangereuse lorsqu’elles sont en contact prolongé avec du sang stagnant. La période des règles et l’utilisation de tampons exposent donc les personnes menstruées à ce syndrome.

Le SCT est donc dû à la présence simultanée de plusieurs facteurs : 

  • Avoir ses règles ; 
  • Être porteuse de staphylocoques producteurs de toxines ;
  • Avoir gardé une protection hygiénique intravaginale (cup ou tampon) trop longtemps. 

Le SCT est rare. Selon l’ANSES, une vingtaine de cas sont rapportés chaque année en France. Pour autant, ce syndrome n’étant pas soumis à une déclaration obligatoire, ce chiffre est probablement sous-estimé. 

👉Rendez-vous sur l’épisode « Choc Toxique » du Podcast AR-Pod : le podcast de l’anesthésie-réanimation pour en savoir plus sur les bactéries impliquées dans le syndrome.  

Comment détecter un choc toxique menstruel ?

Qui est concerné par ce syndrome ?

Les personnes exposées au syndrome répondent à 3 critères :

  1. Elles sont porteuses de la souche bactérienne S. aureus qui produit de la TSST-1 responsable du choc toxique et ne disposent pas d’assez d’anticorps pour lutter contre cette bactérie.
  2. Elles sont menstruées.
  3. Elles portent des protections hygiéniques internes comme des tampons à usage unique ou des coupes menstruelles.

Pour info, selon une étude Statista, près de 20 % des femmes françaises déclarent que le tampon est leur premier moyen de protection hygiénique. 😲 C’est le second moyen de protection le plus répandu dans l’hexagone, derrière les serviettes hygiéniques.

En l’absence de symptômes, il est difficile de savoir si on est porteuse de la souche S. aureus à l’origine du syndrome.  

Chaque personne qui a ses règles et choisit un mode de protection interne est exposée au syndrome du choc toxique menstruel et doit faire preuve de vigilance. 👀

Quelles mesures pour s’en préserver ?

Vous l’aurez compris, c’est avant tout le port prolongé d’un tampon ou d’une CUP menstruelle qui vous expose au SCT. Le risque est multiplié par 2 si vous portez votre tampon plus de 6 h ou toute la nuit. 🌜Voici donc quelques réflexes simples pour vous protéger :

  1. Se laver les mains avant et après avoir mis sa protection.
  2. Changer de tampons toutes les 4 h maximum.
  3. Utiliser une serviette hygiénique ou une culotte menstruelle durant la nuit.
  4. S’assurer d’avoir bien retiré le précédent tampon avant d’en insérer un nouveau.

💡Notez que les protections externes comme les culottes menstruelles ou les serviettes hygiéniques ne peuvent pas provoquer de choc toxique. Elles sont donc à privilégier en fin de règles ou pour la nuit - comme le flux est moins abondant, on a tendance à les garder plus longtemps. 

💡Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter d’utiliser les tampons ou les cups, mais qu’il faut surtout suivre les recommandations d’utilisation ! 

Connaître les premiers symptômes

Si le choc toxique menstruel est si difficile à détecter, c’est aussi parce que ses symptômes sont assez communs et ressemblent à d’autres pathologies.  

Ils apparaissent souvent dans les 3 à 5 jours qui suivent le port prolongé de la protection hygiénique et se caractérisent par :

  • une forte fièvre (> 39°) ;
  • des symptômes similaires à un état grippal (douleurs musculaires, mal de tête, maux de gorge) ou à une gastro-entérite (vomissements, diarrhée) ;
  • des éruptions cutanées qui font penser à un coup de soleil, visibles sur la peau et sur les muqueuses ;
  • des malaises et une chute de tension dans les cas avancés.

Que faire si j’ai des doutes ?

Si vous avez des doutes, commencez par retirer toute protection hygiénique interne et prenez rendez-vous dans la journée avec un médecin traitant ou un gynécologue qui vous connaît bien. Si aucun rendez-vous n’est dispo, vous pouvez consulter un service d’urgences gynécologiques. Assurez-vous bien de consulter quelqu’un dans la journée ! 

Notez qu’après plusieurs jours, les symptômes peuvent s’intensifier et se traduisent par une défaillance des organes. Les conséquences peuvent être durables pour votre santé. Soyez donc attentive à votre bien-être et adoptez les bons gestes au plus tôt 😉 !

Comment se traite le syndrome du choc toxique menstruel ? 

Une fois pris en charge, le traitement du SCT-M repose sur 2 piliers : 

  • l’administration d’antibiotiques pour combattre l’infection bactérienne ;
  • des soins de soutien pour prévenir la déshydratation et stabiliser la tension artérielle.

Ces 2 soins sont complémentaires et indispensables à votre rétablissement. 😉

Dans certains cas, il peut être nécessaire de retirer toute source de l’infection. Une hospitalisation en soins intensifs peut être requise pour surveiller d’éventuelles complications. ❤️‍ 🩹Mais rassurez-vous, il est très rare que l’infection atteigne ce degré de complications. 

Vous avez désormais toutes les clés pour vous protéger du SCT-M. Rassurez-vous, en respectant les recommandations hygiéniques et en changeant régulièrement votre protection interne, tout ira bien ! 

Pensez également à sensibiliser votre entourage et en particulier les jeunes personnes menstruées qui sont les plus touchées par le SCT-M. Vous pouvez même leur envoyer directement cet article !

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Article rédigé avec 🧡 par
Alix Roquette
Gynécologue médicale
De l’adolescence à la post-ménopause. Prise en charge de patientes atteintes d’endométriose, troubles du cycle...
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