Ces dernières semaines, de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, appuyées notamment par une communication de l'OMS, ont semé le doute en classant la contraception hormonale comme potentiellement cancérigène, au même titre que le tabac et l'alcool. Chez Sorella, nous tenons à éclaircir ces messages en nous appuyant sur les données scientifiques les plus récentes.
Plusieurs études décrivent, depuis plusieurs années, un léger surrisque de cancer du sein chez les utilisatrices de contraception hormonale :
En réalité, ce surrisque reste faible en valeur absolue : environ 1 cas supplémentaire pour 7 690 femmes utilisatrices, et seulement 1 cas pour 50 000 femmes de moins de 35 ans. De plus, ce risque s'atténue progressivement après l'arrêt de la contraception et retrouve un niveau similaire à celui des non-utilisatrices après environ 5 ans.
Notons cependant qu’il existe un biais de recrutement dans ces études puisque ces patientes sont mieux suivies, avec des palpations mammaires régulières, ce qui permet de diagnostiquer les cancers plus tôt.
La pilule ne doit pas être réduite à ce seul risque isolé. À contrario, elle offre une protection significative et durable contre plusieurs cancers, qui s’étire souvent sur plusieurs décennies après l’arrêt de la pilule :
Pour les femmes porteuses de mutations BRCA1/2, la pilule est particulièrement bénéfique, réduisant le risque de cancer ovarien de 40 à 43 %, sans augmentation du risque de cancer du sein.
Le choix doit toutefois être individualisé : il faut prendre en compte l’âge, les antécédents familiaux, le tabagisme, l’obésité, le risque ou antécédent de thrombose (formation d’un caillot de sang dans une veine ou une artère pouvant obstruer la circulation sanguine), etc. Un suivi médical régulier (dépistage mammaire et cervical) est essentiel.
Le consensus scientifique est clair : malgré une légère augmentation temporaire du risque de cancer du sein, les bénéfices de la contraception hormonale en termes de prévention d'autres cancers, de régulation hormonale et de confort de vie (règles douloureuses, acné, etc.) sont majeurs.
Vous avez sûrement vu passer sur les réseaux sociaux des informations préoccupantes concernant les contraceptifs progestatifs et leur lien avec les méningiomes. Faisons ensemble le point, en toute transparence et sur la base de données médicales fiables.
Le méningiome est une tumeur qui se développe à partir des méninges, ces membranes qui entourent notre cerveau et notre moelle épinière. Bonne nouvelle : dans 75 à 80 % des cas, ces tumeurs sont bénignes. Toutefois, lorsqu’elles grossissent, elles peuvent provoquer des complications neurologiques telles que des troubles sensoriels, des crises ou des compressions, nécessitant parfois une intervention chirurgicale.
Chaque année, on diagnostique cette maladie chez environ 8 à 10 personnes pour 100 000 habitants. Elle touche environ deux fois plus de femmes que d’hommes, et elle est surtout observée entre 55 et 70 ans. Cela ne veut pas dire que la prise passée de contraceptifs hormonaux explique ce risque plus élevé : les études montrent qu’après cinq ans d’arrêt, le surrisque lié à la contraception disparaît. L’âge plus avancé est plutôt un facteur de risque indépendant.
Environ deux tiers des méningiomes expriment des récepteurs à la progestérone, ce qui les rend potentiellement sensibles à certains progestatifs puissants utilisés en contraception ou dans d'autres traitements hormonaux. En effet, certains macro-progestatifs à forte dose et utilisation prolongée (acétate cyprotérone, médrogestone, médroxyprogestérone injectable, nomégestrol, chlormadinone) présentent un surrisque avéré de méningiome, surtout lorsqu’ils sont utilisés à forte dose et sur de longues durées. Le risque relatif varie selon la molécule et la durée d’usage, allant d’environ +3,5 fois à +20 fois.
💡 Les indications de ces traitements ont depuis été restreintes et nécessitent un suivi clinique et radiologique précis. Lorsque la balance bénéfice‑risque est favorable, leur utilisation peut encore être discutée au cas par cas avec un professionnel de santé.
Mais soyons rassurants et précis : pour les contraceptifs à base de désogestrel à faible dose (comme Optimizette), le risque reste très faible. Les données récentes montrent qu’on observe environ 1 cas supplémentaire de méningiome pour 67 000 femmes exposées sur toute la durée d’utilisation. Cela signifie que, pour une pathologie qui touche déjà naturellement environ 1 personne sur 10 000 à 12 500 chaque année, l’augmentation reste extrêmement faible au regard des bénéfices de ce contraceptif, notamment chez les femmes à haut risque vasculaire.
Selon l’étude Epi-Phare, France, 2009 - 2018
Pour résumer :
À l’inverse, certaines options comme la progestérone (prise par voie orale, vaginale ou cutanée), la dydrogestérone ou les dispositifs intra‑utérins (DIU) au lévonorgestrel (Mirena®, Jaydess®) n’augmentent quasiment pas le risque de méningiome. Leur risque relatif est proche de 1 (entre 0,9 et 1,1), ce qui correspond à l’absence de surrisque par rapport aux femmes qui n’utilisent pas ces méthodes.
Pour les macro-progestatifs (acétate de cyprotérone, nomégestrol, chlormadinone, médrogestone, médroxyprogestérone), l’ANSM recommande de limiter strictement les indications : endométriose symptomatique, fibromes en pré-opératoire, mastopathies sévères, ménorragies et, pour Androcur®, uniquement l’hirsutisme sévère.
Pour les micro-progestatifs (désogestrel 75 µg – Optimizette®, Nexplanon®, certaines COP contenant du désogestrel), l’ANSM et le Collège de la santé des femmes (CST) préconisent des mesures de prudence en attendant la confirmation définitive des données :
Le désogestrel est contre-indiqué chez les femmes ayant des antécédents ou un méningiome existant. Avant toute prescription, il est recommandé de :
La contraception hormonale est un outil précieux, efficace et sûr, offrant des bénéfices dépassant largement ses faibles risques, à condition d’être bien encadrée médicalement.
Chez Sorella, nous sommes convaincues qu'une femme informée est une femme libre de ses choix. Nous nous engageons à fournir une information claire, transparente et appuyée sur les meilleures preuves scientifiques, afin que chacune puisse prendre des décisions éclairées sur sa santé.